Le désert

Il m’a fallu quelques jours pour intégrer tout ce que j’avais fait et vu. J’aurais pu m’arrêter à pleins d’endroits tellement le paysage est totalement breathtaking. Toutefois, les montagnes toutes noires, style du Mordor, te foutent les chocottes. Tu sens que tu es absolument seule au monde, à part ces fichus 4×4 qui te passent à côté. Et que tu es à la merci de la nature. Sur mon chemin plusieurs huttes d’urgence sont à disposition au cas où le temps tournerait.

Je passe une première nuit en face de Langjökul. On papote ensemble mais je dois avouer que cette montagne me fout les jetons. Il y a un truc de vertigineux entre la forme et la couleur ultra noir.

Le lendemain c’est parti. Je poursuis cette fameuse route F35 qui traverse un désert, avant cela j’arrive devant un lac magnifique, un vent de ouf est dans mon dos, tellement heureuse qu’il ne soit pas de face. Le soleil tappe, il fait 20 degrés. Je croise une islandaise qui remplit sa bouteille à une rivière, qui me dit que j’ai bcp de chance d’habitude il fait très froid en montagne. Puis, elle m’explique qu’en Islande on peut boire l’eau de partout du moment qu’elle ne stagne pas. Excellente nouvelle, j’aurais plus besoin de me balader perpétuellement avec 2 litres en réserve. Le soleil mélangé à la poussière et l’effort que je dois fournir pour atteindre mon but me mine le moral. C’est affreux car tu vois la route que tu vas devoir prendre 10 km à l’avance… tu passes des monticules, arrive en haut d’une bosse en te disant que là c’est bon t’es en haut, eh non ! Bim !

Je comprends plus rien à ma carte. Ce chemin me semble interminable. J’ai perdu tout sens d’orientation. Je ne comprends pas comment ça se fait que je n’arrive pas au but. J’essaie de comprendre les virages, la route par rapport à ma carte. Mais je n’y comprends rien. Finalement, merci internet, je lance Google maps. Non, tout est juste… ma carte aussi, et là, je saisis que je n’avais pas lu le petit numéro à côté du chemin 43 km. Plus 27 km pour arriver au camping où une source d’eau chaude m’attend.

Franchement c’est une erreur de débutant cette histoire de numéro…. qui te coûte super cher. J’avais regardé la longueur de la ligne, elle est pareille que la 18 km. Quand t’as un numéro pareil avec une longueur comme celle là, c’est le signe infaillible qu’il y a des descentes et des montées. In your face.

Le soleil continue de taper, je comprends pas non plus est-ce qu’il y a encore des uv dans ces rayons qui ne se couchent jamais ? En fait, je sens mon mental qui peine. Je me casse la figure, m’envoie la pédale dans le tibia comme dans un cauchemard d’enfance, ça fait toujours aussi mal. Là, je m’arrête. Je me mets un sparadrap, je mets de la crème solaire et je me coupe les ongles. Le truc sortit de nulle part mais je me sens mieux !

Je vois un panneau à 10 km il y a Kerlingarfjöll. J’hésite 10 km avec un mega vent de face ou 27 km… la route est affreuse des deux côtés. Je prends les 27 km… et heureusement car le site est fermé la bas, je l’apprendrais au camping suivant.

Finalement, j’arrive à destination, je pousse mon vélo dans la dernière montée, 2 km avec un vent de face. J’arrive au camping, comme d’habitude il est à découvert un vent traverse la zone de camping d’une violence incroyable, je suis couchée dans l’herbe et je bois ma bière sans alcool. Des allemandes passent à côté… « ach du hast es geschafft !!! Wir sind so froh. »… je leur réponds « ja ich auch. Es war hardcore. »

Je suis incapable de me faire à manger. Je vais dans la hutte , « the kitchen closes at 9pm…it’s 9h30pm………. » il voit mon visage dépité, « you are on bike right? I’ll make you à warm sandwich ». Il me regarde avec un grand sourire, je lui réponds « oui » avec un grand sourire. Je reçois des sortes de croque monsieur sandwich que je dévore. Et je finis dans les hotspring, le couche de soleil est magnifique… mes muscles remercient l’eau chaude, mes coups de soleil moins. J’y suis arrivée ❤️