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Mourte in Iceland

The bike box

Le retour, l’aéroport, mettre ses bagages en soute

Pour embarquer son vélo en avion, il faut le mettre dans une boîte. La grande question… c’est où laisse-t-on la boîte lorsqu’on arrive en Islande ? J’ai pas mal cherché sur internet… je n’avais rien trouvé. Toutefois, le camping de Reykjavik propose de garder son carton de vélo en échange d’un paiement….

Pour ma part, à ce moment là du voyage j’avais pleins de forces et d’enthousiasmes donc je me suis dit que je trouverais une astuce pour cette boîte ! J’avais raison ! A l’aéroport, il y a un container qui permet de monter son vélo avec des outils. Si on passe derrière le container, il y a un trou dessous. J’ai donc glissé mon carton plié en espérant que le jour de mon départ il serait toujours là en bon état.

Comme je suis à Reykjavík… que j’ai du temps avant et qu’il fait moche – étonnant – je descends dans la banlieue Reykjavíkienne et prend un bus pour m’emmener à l’aéroport. Là, je vois une personne de l’aéroport en train d’écraser avec plein d’énergie des cartons de vélos. Il remplit un container carton. Je l’observe de loin, puis m’approche en espérant qu’il ne me voit pas. J’aimerais pas qu’en vérifiant si mon carton est là, qu’il le voit et le détruise lui aussi. Au vu de ses grimasses je peux entendre « bloody tourists », « bloody bikes »….. J’ai de la compassion pour lui. Devoir aller écraser tous les jours ces cartons de ces vélos ça doit être pénible.

Je passe discrètement derrière le container, me couche dessous et là oh miracle il est là. Je n’aurais pas besoin des sacs poubelles que j’avais acheté au cas où mon carton ne serait pas là.

Je passe vite à l’aéroport m’acheter des sucreries… wow la haute saison à démarrer. L’aéroport est blindé de touristes qui arrivent. Je vois une dame devant le comptoir des bagages perdus…. l’horaire pour ce comptoir : de 9h15 à 9h30, de 11h15 à 11h30 et de 16h15 à 16h30. Je l’entends « they told me that to knock on the door but no one is coming ». Je ris dans ma barbe… L’Islande dans toute sa splendeur. Devant le comptoir fermée des caddies, des barrières.. tu te dis c’est à l’abandon cette partie. Mais non, c’est bien ici pour récupérer ses bagages perdus.

Je file reprendre le bus avec un grand sourire. Demain soir je partirais dans l’après-midi, je m’arréterais à une piscine à l’extérieur de Reykjavík, histoire de se mettre la dernière dose jacuzzi et sauna avant de partir. C’est environ 40 km de Reykjavik à l’aéroport… mon vol est à 7 heures du matin. Il y a un bus à 3 heures du matin msi e me vois mal défaire ma tente, faire mes sacoches à 2 heures du matin… de plus je vais pas ramener mon carton de 2 mètres dans le bus. Bref, mon plan m’a l’air des plus faciles d’aller en vélo à l’aéroport.

Le jour avant mon vol, tout se passe à merveille, j’ai fait mes sacoches, je pédale tranquillement sur ces pistes cyclables géniales. Je m’arrète pour faire mon sauna jacuzzi… entouré que d’islandais.e.s. Trop bien.

Je me sens fraiche… avoir une assurance totale même si j’ai encore mal au dos… mais j’ai la motivation. Je prends la route… qui est une sorte d’autoroute… le vent tourne. La motivation descend… les nuages derrière moi effacent totalement Reykjavík de ma vue…. je vois la pluie tombée au loin… je vois les voitures pleines d’eau…. alors j’augmente la cadence. Puis, la à droite une petite route… si je peux au moins ne plus subir les voitures se serait pas mal. Je la prends.

Pamela toute naïve… pédalant sur son joli vélo, a mal au dos… mais je tiens le coup. Viens à mon oreille, un son, qu’est ce ? Ah non c’est un cri… un cri qui a l’air d’être agressant en fait. Je relève la tête et là je vois des énormes oiseaux qui sont en train de piquer sur moi. Je me rappelle de mon frère « si tu vois ces oiseaux, tu seras contente d’avoir un casque ». Sans que je ne comprenne comment, j’imagine l’instinct de survie, mes jambes se mettent à pédaler d’une puissance incroyable, je tends mon bras droite arrière en faisant de super ronds afin que ces oiseaux aient peur, tout en ayant moi même ultra peur que ces bestioles ne choppent mon bras ! Je n’ose plus me retourner pour les regarder. J’ai bien vu dans leurs regards qu’ils voulaient ma peau. Que j’étais sur leur territoire et que j’avais rien à y faire.

Je ne les entends plus hurler autour de moi mais je continue de pédaler comme une dératée. J’ai envie de pleurer. En fait j’en peux plus. A chaque fois je me dis aller easy mais quelque chose m’attaque. J’arrive à un Subway je me pose. Le vent m’a denouveau totalement démoralisé. Dans ces cas là il faut un endroit chaud… une pause. Il me reste 7 kilomètres et j’y suis.

Finalement, j’arrive à l’aéroport, j’ai droit à un sublime couché de soleil. Je rejoins le container, mon carton. Je le reconstruits comme il se doit je prépare mes sacoches et file dans l’aéroport.

En y entrant, je réalise que l’espace où il y a déjà des personnes qui sont couchées est trop petit. Je ne suis pas la seule à y passer la nuit. Un couple de touristes allemands me disent que sur les avis de google il est mis que les personnes de la sécurité réveillent les gens, qu’on a pas le droit d’y dormir : wtf ?

Vous pouvez lire d’autres commentaires en cherchant keflavik airport…

Je me couche tout de même sur les chaises qui sont là. Une fille derrière moi enfile son sac de couchage. La sécurité viendra lui demander de l’enlever 3 heures plus tard.. à 2 heures du matin. Aucun sens. Au fil de la nuit, il y a des personnes qui zonent, celles qui ne sont pas arrivées assez vite pour se chopper plusieurs places et pouvoir se coucher. Je vois quelqu’un qui va aux toilettes et se fait voler sa place. Une ambiance assez étrange s’installe. Une ambiance…. qui m’aura finalement accompagnée durant tout ce voyage, jusqu’au bout.

Il est 4h45, je passe le security check et j’attends mon vol avec impatience. Je me réjouis d’être en Suisse. Je me réjouis même d’aller au travail et d’être à la cantine. De commander à manger et d’avoir une grande assiette, de suivre des panneaux qui ont des indications justes… eh oui c’est dans ces moments là que finalement le confort bien Suisse nous rappelle qu’on est des sacrés chanceux.

J’entre dans l’avion… et forcément il y a un enfant de 3 ans absolument insupportable qui passera les 3h50 de vol à taper dans mon siège. Je fais tout de même une remarque au père. Qui en fait n’a absolument aucune autorité sur son enfant. Je mets de la goa ultra fort dans mes oreilles et je passe en mode comme lorsque j’étais dans ma tente, dans une sorte de trance, mantra où plus rien ne peut me toucher.

La Suisse me voilà, ma mère m’attend à la sortie. Amen elle est venue me chercher. Je rentre chez moi. Je me couche et sombre dans un coma pour me réveiller 5 heures plus tard, puis 10 heures plus tard. My god: son lit, ses draps. Je savoure avec mes doigts chaque pli… je me tourne, pour me retourner encore, ce matelas est gigantesque.

Il fait chaud, il fait beau…. je mange mon petit muesli en allant au travail et je me sens totalement légère. Ce voyage m’aura poussé aux confins de l’extrême. Lorsque je regarde des photos de moi et de mon entraînement je souris. Je me revois au tout début à faire mes sorties et à avoir peur de dormir dans ma tente seule… et maintenant, je peux être en train de souffrir le martyre, avoir tous les éléments naturels contre moi et je ne perds pas le Nord. Sacrée histoire.

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